Portugal

[PT] Irrégularités dans les publicités qui ciblent les enfants et les adolescents au Portugal

IRIS 2024-5:1/10

Elsa Costa e Silva

Universidade do Minho

L'Agence portugaise de régulation des médias a publié un rapport sur les publicités et les communications commerciales destinées aux mineurs diffusées sur les chaînes et/ou les programmes pour enfants, qui fait état d'un certain nombre de manquements de la part des chaînes de télévision. La publicité en faveur d'aliments déconseillés en raison de leur composition nutritionnelle est l'une des principales infractions relevées par le rapport. Sur ce point, les chaînes de télévision se distinguent par des résultats très contrastés, la radiodiffusion de service public faisant état, pour la période étudiée, d'une absence totale de publicité ou de communications commerciales dans les grilles de programmes destinés aux enfants.

Cette étude, réalisée au cours des derniers mois de 2023, a analysé les chaînes de télévision gratuites, leurs sites internet respectifs et leurs plateformes de diffusion en continu, ainsi qu'une célèbre chaîne pour enfants diffusée uniquement par abonnement. Elle avait pour objectif d'identifier les failles et les mesures déjà existantes pour garantir le respect des dispositions de la législation télévisuelle, parmi lesquelles la version révisée de la directive SMA, et de la loi relative à la publicité, dans le cadre de la diffusion de publicités et autres messages commerciaux destinés aux enfants et aux adolescents de moins de 16 ans.  

Pour ce qui est des chaînes de télévision commerciales, l'étude constate un certain nombre de difficultés pour définir les programmes destinés aux enfants et aux adolescents, du fait que ces chaînes ne les distinguent généralement pas des programmes habituels. Ainsi, bien que certaines publicités en faveur d'aliments dont la composition nutritionnelle est déconseillée aient été constatées dans les plages publicitaires et les programmes que le jeune public est susceptible de visionner, le respect des procédures administratives peut se révéler plus complexe. L'étude a néanmoins mis en évidence certaines irrégularités, notamment sur la chaîne gratuite TVI, qui a diffusé durant les plages publicitaires un certain nombre d'annonces commerciales en faveur d'aliments à forte teneur en sucre et en matières grasses. Une autre chaîne gratuite, SIC, a elle aussi procédé à du placement de produits alimentaires susceptibles de ne pas être conformes à la composition nutritionnelle requise par la réglementation. Ce placement de produits n'a toutefois été effectué que dans des rediffusions d'émissions produites avant l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation.

Le rapport mentionne également des manquements susceptibles de porter atteinte à l'objectif de garantir des médias exempts de tout contenu préjudiciable. Le parrainage n'est par exemple pas pris en compte par la réglementation, et certaines émissions parrainées ne font pas l'objet de procédures administratives, alors qu'elles présentent des marques et/ou des produits qui ne seraient pas autorisés dans le cadre d'une campagne publicitaire classique. L'agence de régulation a notamment constaté le parrainage d'un produit contenant de l'alcool dans une émission destinée à des adolescents.

Ce manque de cohérence du cadre réglementaire a incité l'Agence de régulation des médias à recommander au pouvoir législatif d'envisager une modification de la législation. Comme le précise le document, « ce rapport vise à démontrer l'importance de réexaminer et éventuellement de renforcer la réglementation en vigueur dans ce domaine, afin de favoriser les communications commerciales fondées sur des valeurs de santé et d'alimentation équilibrée à destination des jeunes publics ».


Références


Cet article a été publié dans IRIS Observations juridiques de l'Observatoire européen de l'audiovisuel.