France

[FR] Présentation inexacte de propos tenus par un ancien Premier ministre : BFM TV mise en demeure par l’Arcom

IRIS 2024-5:1/15

Amélie Blocman

Légipresse

Par décision du 3 avril 2024, l’Arcom a mis en demeure BFM TV de respecter son obligation d'honnêteté et de rigueur dans la présentation et le traitement de l'information, ainsi que de maîtrise de l’antenne. L’objet de cette mise en demeure est une séquence de l'émission « 120 minutes », diffusée le 26 novembre 2023, qui a porté sur des propos tenus trois jours plus tôt par un ancien Premier ministre, dans l'émission « Quotidien », diffusée sur cette même chaîne. Les personnes présentes en plateau affirmaient que l’ancien Premier ministre avait parlé de domination de la finance juive sur les sociétés occidentales et à travers elle du contrôle des médias et du monde du spectacle. Un bandeau affiché à l'écran de manière continue jusqu'à la fin de la séquence venait appuyer cette assertion.

Or, il ressort du visionnage de la séquence de l'émission « Quotidien » diffusée le 23 novembre 2023, que l'ancien Premier ministre a prononcé les mots suivants : « La troisième chose, c'est qu'on voit en filigrane dans votre reportage, à quel point la domination financière sur les médias et sur le monde de l'art, de la musique pèse lourd, parce qu'ils ne peuvent pas dire ce qu'ils pensent, tout simplement parce que les contrats s'arrêtent immédiatement. Donc on voit bien que la règle financière qui est imposée aujourd'hui aux États-Unis dans la vie culturelle elle pèse lourd, malheureusement nous le voyons aussi en France. Et tout ça, c'est profondément regrettable sur le plan de la liberté, sur le plan de la capacité justement à façonner un esprit public, alors il faut le faire évidemment avec le souci de la modération, avec le souci de penser à l'autre […] ».

Ainsi, les propos tenus par le présentateur et son invité dans l'émission « 120 minutes » diffusée le 26 novembre 2023, ainsi que le bandeau les accompagnant, traduisent, selon l’Arcom, une présentation factuellement inexacte, imputant à un ancien Premier ministre des propos d'une particulière gravité, dans un contexte de fortes tensions liées au conflit au Proche-Orient. L'éditeur a ainsi manqué à son obligation d'honnêteté et de rigueur dans la présentation et le traitement de l'information, méconnaissant les stipulations de l'article 2-3-7 de sa convention et les dispositions de l'article 1er de la délibération du 18 avril 2018 précitée, auxquelles il renvoie. Les propos du présentateur de l'émission lui-même ainsi que son invité, de même que l'information erronée reprise dans le bandeau affiché par l'éditeur sur l'écran pendant toute la séquence caractérisent en outre un défaut de maîtrise de l'antenne, constitutif d'un manquement aux stipulations de l'article 2-2-1 de la convention de la chaîne.

La société BFM TV est mise en demeure de se conformer à l'avenir, à ces obligations.


Références


Cet article a été publié dans IRIS Observations juridiques de l'Observatoire européen de l'audiovisuel.